Kristell Mimoun est doctorante à l’IHU Liryc depuis 2023 .
Kristell, sur quel sujet porte votre thèse ?
Le sujet de ma thèse vise à étudier le rôle du système de conduction dans la mort subite cardiaque. La mort subite est responsable de 50 000 morts par an en France. Dans la majorité des cas, la mort subite fait suite à une fibrillation ventriculaire caractérisée par une activité électrique cardiaque rapide et irrégulière. Or, le système de conduction ventriculaire, en particulier les fibres de Purkinje, peuvent participer à la formation de fibrillation ventriculaire.
Cependant, on ignore encore les mécanismes électrophysiologiques conduisant à la mise en place de ces arythmies dans les fibres de Purkinje. L’objectif de ma thèse est donc d’étudier les propriétés électrophysiologiques des fibres de Purkinje dans des modèles sains et pathologiques par deux techniques phares d’électrophysiologie : le patch clamp et la cartographie optique. A l’échelle cellulaire, le patch-clamp permet de caractériser les courants ioniques et les potentiels d’action résultants (NDLR : Le potentiel d’action correspond une augmentation rapide du potentiel de membrane suivit de sa chute pour revenir à un état de repos). La cartographie optique est une technique d’étude de la propagation du signal électrique au sein du tissu cardiaque. La combinaison de ces deux techniques rend possible l’identification de nouvelles cibles anti-arythmiques.
Avez-vous toujours voulu faire de la recherche ?
Au lycée, la fameuse et redoutée question d’orientation post-BAC m’est venue. En prenant le temps de réfléchir à ce que j’aimais faire et ce que j’aimerais faire à plus long terme, les sciences sont arrivées en première place. Au fur et à mesure de mon parcours, mes différents stages en laboratoires et les échanges que j’ai pu avoir avec des enseignants-chercheurs, des doctorants ou d’autres personnels de la recherche m’ont conforté dans mes choix de parcours jusqu’à arriver en thèse.
Auriez-vous un conseil pour les jeunes voulant se lancer dans la recherche ?
Le meilleur moyen de découvrir le monde la recherche est de venir en laboratoire. Dès la licence, il est possible de faire des stages d’observation de 7 à 15 jours pour découvrir l’environnement de la recherche, la vie au laboratoire, les différents sujets étudiés, etc. Chaque laboratoire peut avoir une thématique spécifique, mais énormément de projet peuvent en découler et par conséquent de techniques, de connaissances et de savoir-faire.
Pour postuler, il est possible d’envoyer des lettres de motivations et un CV aux enseignants-chercheurs présentant les cours. Il ne faut pas hésiter à montrer sa motivation et son intérêt pour la recherche en allant directement les voir après les cours. Ils peuvent potentiellement donner des informations, des contacts ou des adresses pour orienter ou recommander la candidature.
Sinon, il est toujours possible de regarder la liste des laboratoires de recherche et de postuler auprès de ceux qui correspondent davantage au parcours envisagés ou qui ont éveillé l’intérêt. On peut trouver cette liste sur les sites académique ou celui de l’université.
Dernier point : les rendez-vous grands publics tels que la fête de la science, les portes ouvertes, sont aussi un bon moyen de contacter directement les chercheurs, les ingénieurs et les techniciens des laboratoires.
Avez-vous une source d’inspiration ?
Ma source d’inspiration n’est pas scientifique mais musicale. J’admire beaucoup un brillant violoniste franco-serbe, Nemanja Radulović, qui se démarque par son originalité, mais aussi par son bonheur de faire partager sa passion. Et c’est aussi ce que je vise dans mon travail de scientifique : prendre du plaisir à apprendre et à faire partager ce savoir.
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Si vous étiez une technique scientifique, laquelle seriez-vous et pourquoi ?
De manière très biaisée, je réponds le patch clamp, car cela m’a appris à persévérer au quotidien pour aller au bout d’un projet.